An exceptional site
Valrose : c'était le nom d'une des plus belles propriétés de la Riviera. C'est aujourd'hui le nom d'un Campus universitaire parmi les mieux situés de France, siège d’Université Côte d’Azur et de la Faculté des Sciences. Son origine remonte aux années 1860 - 1870, en cette période du Second Empire où l'aristocratie russe et anglaise adopte la Côte d'Azur comme lieu de villégiature. Mais le bâtisseur de Valrose n'est pas un banal estivant. D'origine roturière bien qu'ennobli par le Tsar, le Baron Von Derwies est peu intégré à l'aristocratie russe qui réside autour de la Villa Bermond, résidence (aujourd'hui détruite) de la famille impériale. Il opte donc pour un site éloigné mais en hauteur (topographie presque symbolique?) : le "Vallon des roses", à la lisière de la colline de Cimiez.
L'étudiant qui achète son sandwich près du portail et qui s'allonge sur la pelouse, ignore souvent qu'il emboîte le pas à des prédécesseurs illustres : la famille du Tsar Alexandre II, la princesse Dolgorouky-Yourewsky (épouse morganatique du Tsar), la reine Victoria ont aimé parcourir ces allées. Le parc, que l'on traverse pour aller d'un amphithéâtre à l'autre, a été dessiné par Joseph Carlès, à qui l'on doit le tracé des Jardins du Casino de Monte-Carlo. Le portail flanqué de deux tours monumentales, qui permet de rejoindre le boulevard de Cimiez, est dû à Marcel Biasini, l'architecte qui édifia sur ce même boulevard l'un des plus prestigieux palaces de la Côte d'Azur : le Regina, destiné à accueillir la reine Victoria et sa suite à partir de 1897. Entrée aristocratique s'il en est, celle du "Château Valrose", plus simplement dénommé "Villa" en contre-bas.
Valrose concrétise la réussite d'un homme venu de Russie dans les années 1860 : le Baron Von Derwies s'était promis de se retirer au soleil, fortune faite, pour se consacrer à la musique. Et il tient sa promesse en faisant sortir de terre Parc, Château et salle de concert, en l'espace record de trois ans. L'un des architectes à qui l'on doit ce décor de contes de fées s'appelle (cela ne s'invente pas !) Grimm !
Texte et photos d'archives : Dominique Laredo